Chemins et Lieux-Dits d’autrefois.
N°96 juin 2010
Notre commune a la chance de posséder en ce début du 21ème siècle une plaine encore non urbanisée, avec ses chemins ruraux d’autrefois. Presque tous portent les noms de lieux-dits fixés au cours des siècles et dont certains datent du moyen âge.
Au début du 14ème siècle, nos lointains devanciers de Montesson et Chatou faisaient valoir leurs droits et leurs devoirs au seigneur de Chatou, dont ils cultivaient les terres.
"Les bonnes gens et les habitants des dits villages et leurs devanciers étaient et avaient été de si longtemps qu'il n'était mémoire du contraire, en bonne saisine (en bon droit), par certaines redevances qu'ils payaient :
de tenir paisiblement comme franches personnes leurs vignes, leurs terres et leurs autres héritages en payant les redevances anciennes… ».
Villages, terres et vignes : les plus vieux documents connus en font état.
Ainsi, au début du 15ème siècle existent :
les « Champs Pirouys » - champs pierreux -, les « longs arpents », aujourd’hui les Longs Réages, les « Champagnes », les Champs Roger, toutes terres cultivées en céréales et le lieu-dit des « Vieilles Vignes », « vieilles » déjà en 1415, adjectif révélateur de l’ancienneté de cette culture sur nos terroirs.
Le « Marais » est un des quatre quartiers du village, « La Borde » est citée, ainsi que Parfou-ru, qui deviendra « Palfour ». D’autres lieux-dits de même époque ont trait au relief ou au sol : les Sablons, le val Saint Honorine, le Montoir, les Tribouillards …
Au cours des 17ème et 18ème siècles apparaissent les remises, bosquets aménagés au cours du 18ème siècle dans les terroirs situées sur les parcours des chasses royales, pour l’abri et la reproduction du gibier à poil et à plumes. Ainsi la remise de la butte au berger, la remise du loup, la remise des douaires, la remise à mort, etc.
Ces remises, symboles du privilège de chasse, étaient détestées.
En 1762, un règlement avait interdit aux paysans de circuler dans les champs à certaines périodes de l’année pour ne pas effaroucher le gibier. En revanche, les gardes et les chasseurs traversaient les terres et les vignes sans égards aux cultures.
Des garde messiers élus chaque année par la communauté avaient pouvoir de verbaliser et de faire payer des amendes aux villageois, mais ils n’avaient aucun pouvoir face aux garde-chasses…
Les choses vont changer en 1789.
Dans leurs cahiers de Doléances les montessonnais demandent que chaque propriétaire puisse au moins détruire lui-même le gibier sur ses propres terres, et que les garde messiers aient le droit d’arrêter « quiconque sera rencontré chassant et tuant du gibier sur autres terres que sur son propre fonds… et de le condamner sur le champ à une amende de 12 livres dont les deux tiers pour les pauvres de la paroisse et le tiers pour les messiers… ». Les garde chasses sont visés au premier chef, eux qui jusqu’alors chassaient impunément par tout le terroir.
Un mois après, les messiers font un rapport : « Richer père, le garde chasse, traverse les terres ensemencées, seigles, avoines, orges, pois, haricots ; il écrase avec ses pieds les légumes et les asperges, il renverse les échalas des vignes ».
Le syndic de la communauté le menace d’assignation en justice, sans effet.
Mais deux mois plus tard, le 26 juillet 1789, Richer est arrêté et emprisonné par une patrouille constituée le jour même pour « propos séditieux contre le duc d’Orléans - Philippe Egalité, qui votera la mort de son cousin Louis XVI - et contre Necker ». Relâché, Richer se signale encore, menaçant de mettre le feu à la paroisse et de tuer au moins le capitaine de la garde, le syndic, le curé et le vicaire… ».
Il ne mettra pas ses menaces à exécution : pendant la nuit du 4 août 1789, le clergé et la noblesse renoncent à leurs privilèges, les réserves de chasse, même royales, sont supprimées, et les remises sont vendues aux enchères !
Pour découvrir d’autres chemins et d’autres anecdotes :
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Chemins et rues au cours du temps
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