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       PRINTEMPS 1834 : DES PÂQUES MOUVEMENTÉES
N°71 avril mai 2006

Montesson et Carrières : deux villages tranquilles mais toujours prêts à s’affronter, où les accrochages peuvent devenir dévastateurs et sanglants. En ces dimanche et lundi de Pâques 1834, des coups sont échangés une fois encore.

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L’affaire commence le dimanche  par une bagarre à l’un des bals de l’après-midi ; les choses se corsent le lundi avec la provocation des conscrits de Montesson, tambours et drapeaux en tête, qui injurient des paysans de Carrières, leurs jettent des pierres et les poussent à quitter leurs champs. Les plus âgés et les mères tentent d’apaiser la situation et pourtant la bataille éclate en fin d’après-midi avec des coups d’échalas, des jets de cailloux et de multiples blessés de part et d’autre. Deux paisibles cultivateurs carrillons, Roby (54 ans) et Darré (46 ans) de retour du marché de Saint Germain, bassinoire et chapeau neuf en main, vont en faire les frais : ils sont en effet sauvagement agressés à coups de pieux et de bassinoire, et laissés pour morts sur le terrain.

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Prévenu, le chef du bataillon de la Garde Nationale de Carrières arrive sur les lieux, fait transporter les blessés à leur domicile, et se rend chez le maire de Montesson qu’il trouve au coin du feu en train de jouer aux cartes… puis chez le capitaine de la Garde de Montesson, ce dernier barricadé chez lui, terrorisé! Alors, prenant la situation en main, il instaure un « poste de garde » pour empêcher quiconque de quitter le village.

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On compte les blessés : oreilles déchirées, cuir chevelu fendu, crachats sanguinolents, hémorragies diverses… avec, pour remèdes, saignées et sangsues. Les médecins délivrent des incapacités de travail personnel à Darré, Roby et d’autres. Quant aux dégâts matériels, ils sont considérables, champs et vignes sont saccagés.En découle, un procès mettant en cause onze personnes. Le verdict du 17 août 1834 condamne à six mois de prison ferme Jean Pierre Guyard de Montesson et Magloire Suzanne de Carrières, condamnations malgré des certificats de « bonne conduite » et des requêtes rédigées en leur faveur par les habitants des villages.

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Voici pour mémoire les noms des protagonistes et des témoins auditionnés au cours du procès :`

Inculpés : François Guyard dit Le Coq, Alexandre Ancelin dit  Poulot, Jean Pierre Guyard et sa femme dits Pouchet, Jean Pierre Lambert dit La Botte, Henri Fleury dit  Bonasse , Adolphe Bontemps, Jacques Lambert, Augustin Narrat, Jean Louis Savart, Jean Martin, Victor Behuret, Paul Behuret et Pierre Guyard, tous Montessonnais ; pour Carrières : Magloire Suzanne, Jules Robert et Fleurus Mandrin.

Témoins montessonnais : Philippe Dreux, maire du village, Alexandre Ancelin et sa femme Sophie Angélique Lambert, Victoire Lambert femme Narrat, Louis Guillain dit Dupont, Françoise Behuret fille d’Antoine, Étienne Behuret, Rose Chicaneau femme Étienne Behuret dit Martin, Marie Françoise Boucher veuve d’Antoine Guyard et sa fille Marie Henriette, Marie Nicole Debled veuve de Pierre Denis Delacroix, Denis Michel Lambert, Jean Boucher, François Constantin.

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La violence au village a été étudiée par les historiens. De tous temps, des rivalités ont opposé entre eux les habitants des villages voisins  Les plus belliqueux sont les jeunes hommes, naturellement ardents à défendre leur territoire et son potentiel de jeunes filles à marier !

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C’est pendant le temps des loisirs, des griseries et des bals, que les bandes s’affrontent. Or,  depuis novembre 1833, il existe deux bals concurrents à Montesson, dont l’un est davantage fréquenté par les gars de Carrières…
Des bandes de jeunes gens désœuvrés, insolents et bagarreurs, pour la défense de leur pré carré : rien de nouveau sous le soleil !

L’article présenté par l’Association MEMOIRE ET HISTOIRE DE MONTESSON est un résumé des pièces du procès jugé le 17 août 1834, conservées aux Archives départementales des Yvelines, cote 2U 254. La loi nous autorise à citer les noms des protagonistes : il y a prescription !

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