De père en fils, les champignonnistes
de Montesson et de Carrières.
N°113 mai 2013
Au Second Empire, Paris compte plus d’un million huit cent mille habitants. Pour approvisionner les Halles, « le ventre de Paris », nos communes de banlieue se spécialisent dans les cultures maraîchères. C’est aussi, dans les villages dotés de carrières, le début de la culture des champignons dits « de Paris », dans les grandes salles souterraines créées par l’exploitation de la pierre à bâtir.
Certains carriers se feront champignonnistes : ainsi François Barrey qui, en 1861, obtient du préfet l’autorisation d’établir une culture de champignons dans les vides d’une de ses carrières. Sa fille épouse Etienne Voillereau, champignonniste, père de Théodore Voillereau, champignonniste et maire de Carrières-sur-Seine de 1913 à 1935, grand père de Gaston Voillereau, champignonniste et maire de Montesson de 1928 à 1945 puis de 1947 à son décès en 1965. Quatre générations de patrons champignonnistes qui furent aussi des notables de nos communes.
Jusqu’en 1914, la main d’œuvre se recrute localement, mais après l’hécatombe de 14-18 arrivent les premiers Italiens. Des immigrés économiques dirait-on aujourd’hui, qui avaient fui la misère des montagnes pauvres et surpeuplées de l’Italie du Nord. Des hommes et des femmes qui ne ménageront pas leurs heures de labeur pour pouvoir louer ou acheter une carrière et devenir patrons à leur tour.
Les champignonnistes italiens ont assuré la continuité et la renommée des champignons de Montesson et de Carrières jusqu’à nos jours.
Ouvriers champignonnistes au début du 20ème siècle (archives MHM).
En 1921, date du premier recensement d’après guerre, trois patrons champignonnistes italiens – Jacques Gatti, Victor Rinati et Jean Norris – font travailler une vingtaine d’ouvriers tous originaires, comme eux, du village de Fiobio près de la ville d’Albino en Lombardie
.
En Lombardie près de Fiobio (archives Casimir Spinelli).
Ces hommes portent les patronymes de Carrara (qui peut expliquer pourquoi les feux allumés sous les cheminées des carrières pour activer l’aération ont été appelés des « carraras » ?), Perani, Spinelli, ils sont frères, neveux, cousins…
Aujourd’hui, ces pionniers des années 20, ont leur tombe dans notre cimetière et leurs familles participent de ce qu’on appelle « les vieilles familles montessonnaises ».
Les familles italiennes logeaient près de l’entrée des carrières, en haut de la rue Jean Macé: c’était la « Place d’Italie ». C’est là, « place d’Italie », qu’une pancarte indique l’entrée de la dernière champignonnière de Montesson, achetée en 1960 par Angelo Noris, né à Fiobio en 1900, exploitée depuis 1994 par son petit fils Angel Moioli : bel exemple de continuité familiale.
Entrée de la champignonnière d’Angel Moioli en 2012 (photo MHM).
Si vous n’avez pas encore découvert ce site, Angel Moïoli vous accueille tous les matins de la semaine de 11h à 12h30 et tous les après-midi de 13h30 à 15h ; le samedi de 11h à 12h et de 15h à 16h ; le dimanche de 11h à 12h. Vous pourrez lui acheter directement des champignons de Paris, des pleurotes ou des champignons chinois (shiitakés). En retour, ce conteur de talent vous fera tout connaître du passé, du présent et de l’avenir de la culture du champignon.
S’il est dans sa carrière, appelez le 06 09 06 21 52.


