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          Fait divers, un après-midi d’hiver
à Montesson en 1717.

         N°100 mars 2011

La série B des archives départementales contient de nombreux documents provenant des  juridictions royales et seigneuriales supprimées par la Révolution. Chatou est le siège d’un bailliage, dont dépend la prévôté de Montesson. Les plaintes sont reçues par un lieutenant du bailliage.

« L’an 1707, le mercredi 22 décembre est comparu devant nous Jean Tranchant lieutenant du bailliage de Chatou, Estienne Couturier vigneron au dit Montesson, stipulant pour son fils Estienne âgé de 17 ans ou environ, qui nous a exposé que le jour d’hier sur les 3 ou 4 heures de relevée (l’après-midi), le fils du dit Couturier étant à jouer aux cartes avec autres garçons et filles il arriva que le fils du dit plaignant gagnait quelques parties à la fille de Jean Chatellier et autres qui refusèrent de le payer, pour raison de quoi y eut un léger différend…
Dans ces entrefaites, la mère de la dite Chatellier donna deux soufflets au fils du dit plaignant et fit avertir son fils Jacques Chatellier âgé de 24 ans ou environ, lequel s’étant imaginé qu’ils ont un gros différend s’attaqua « du corps » au fils du dit plaignant, sans s’informer autrement de ce qui s‘est passé, prit une grosse pierre caillou ( ? ) dont il frappa un coup très rudement le dit Couturier fils, duquel coup il l’a jeté par terre, dont il est dangereusement blessé en danger d’en mourir ou de rester estropié. (lire ce passage sur la reproduction de l’original).
Sur quoi nous, juge susdit, avons demandé au plaignant de produire des témoins, et permettons au dit fils Couturier de se faire voir et montrer ses blessures par Jean Troisvallets maître chirurgien juré en ce lieu qui en fera son rapport… »
L’acte est lu à Estienne Couturier qui le dit être vrai et déclare ne pas savoir signer.

Traduction moderne de l’histoire :
Une bande de jeunes désœuvrés  passe son temps, garçons et filles ensemble, à des jeux d’argent. Les familles tolèrent ces comportements, mais veillent au gain. Et gare à la violence des grands frères, qui ne raisonnent pas plus loin que le bout de leur nez…
Voilà un fait divers d’autrefois qui ferait un excellent fait divers en hiver 2011. Tout juste aurait-on fait plus promptement examiner le blessé !

Au 18ème siècle, le jeu de hasard le plus populaire est le pharaon  qui se joue avec des cartes, comme aujourd’hui le poker.

Extrait original

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