Défense et illustration de la République, les avatars de Marianne électrique et urbanisation .
La 3ème République est proclamée le 4 septembre 1870, mais ses débuts sont incertains
N°81 décembre 2007
La Une du Titi, journal satirique, 25 octobre 1879, à propos du concours pour la statue à ériger place de la République à Paris.
Les 4 déboulonneurs : un orléaniste (le parapluie de Louis Philippe), un bonapartiste (la barbiche de Napoléon III), un légitimiste et un prêtre.
Les campagnes restent très attachées à la monarchie ou à l’Empire, ainsi à Montesson :
En séance du conseil municipal de mai 1877, « Monsieur de Banville demande qu’il soit fait acquisition pour la mairie et les écoles du buste de la République ».
La proposition est rejetée par 11 voix contre 5.
A cette date, le maire est Félix Philippe, un cultivateur aisé, catholique pratiquant, élu sur les listes bonapartistes depuis 1851, maire depuis 1870.Auguste Faullain de Banville, architecte de la mairie-école et maire évincé aux élections de 1870, est de retour au conseil en 1876 à la faveur d’élections partielles. C’est un « républicain très avancé » selon un rapport préfectoral.
Bonapartistes et républicains s’affrontent pendant 10 ans.
Aux municipales de 1878, succès bonapartiste contesté : « le fils du maire a forcé les ivrognes et les vieillards à voter… ».
Succès républicain en janvier 1881, consolidé aux scrutins suivants.
Lors du 1er conseil de 1881 présidé par le nouveau maire A. de Banville :
« Monsieur le Maire expose dans un langage patriotique que le nouveau conseil doit être aussi surpris que lui de ne pas voir figurer dans la salle de la mairie le buste de la République, emblème de nos institutions démocratiques. Il ajoute que, depuis 10 ans, le gouvernement de la République a accompli de grandes choses et que ce régime semble entrer de plus en plus dans nos mœurs.
Il est donc temps, dit-il, de réparer l’oubli volontaire de nos devanciers » ! Le conseil, à l’unanimité, vote un crédit de 100 F pour l’achat et à l’installation du buste de Marianne.
Juillet 1940 : Fin de la 3ème république qualifiée de « décadente », et pilonnage de ses symboles de pierre ou de plâtre. Pas partout :
En août 1943, un journal collaborationniste dénonce le maire Gaston Voillereau : « le buste de Marianne est toujours exposé à la mairie de Montesson ». Les RG reprennent le dossier de Gaston Voillereau : maire radical socialiste depuis 1928, pas d’ascendants juifs, très expérimenté, attitude correcte… Enquête : la photo du maréchal Pétain figure aussi en bonne place dans sa mairie : Il n’y aura pas de poursuite.
Et, puisque c’est la période des fêtes de fin d’année, un « Mécompte » de Noël
Dans les années 1870-80, l’Eglise catholique est opposée à la République. Le clivage politique se double d’un clivage idéologique, très marqué dans notre commune dès le mandat de Faullain de Banville : Les processions sont interdites en 1881 pour risque « d’émeutes ».
En 1883, le curé se plaint à son évêque « des ravages que l’impiété rendue plus audacieuse et favorisée par l’autorité municipale fait dans cette paroisse… ». Funérailles civiles, faible fréquentation de l’église, peu de communiants,
Les journaux conservateurs évoquent la sottise des « ânes montessonnais » qui « se sont laissés embrigader par la bande rouge » de la mairie.
Ces « ânes » méritent une bonne leçon.
Le soir du 24 décembre 1885, les paroissiens venus, comme tous les ans, assister à la messe de minuit trouvent l’église fermée.
Attente, inquiétude, colère : on tambourine à la porte du presbytère.
L’abbé Meillassoux, réveillé, s’explique : ils ne viennent pas aux offices du dimanche, ils sont avares de leurs dons aux quêtes et aux troncs… Ils se passeront du rituel de la messe de minuit.
Et il retourne se coucher !