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Vignes, vin et vignerons

En cette période de fin d’année, évocation du vin local d’autrefois, "un de ces petits vins clairets qui réchauffait le cœur*" et devait arroser bien des festivités.

Une vigne dans les salades, le Clos des Vieilles Vignes de Montesson, voilà qui, aujourd’hui, peut sembler incongru.

Pourtant, dans un document de 1415, la parcelle de terre où la vigne actuelle est plantée se nommait déjà : "les Vieilles Vignes" ; à la fin du 18e siècle les trois cinquièmes du terroir cultivable sont couverts de vignes ou qualifiés de terres à vignes. En 1790, trente Montessonnais participent à la Contribution patriotique, parmi eux seize vignerons.

En 1807, les vacances du maître d’école sont fixées du premier jour des vendanges jusqu’au dernier jour des pressurages.

Même si la viticulture n’est pas l’activité principale des montessonnais, elle imprime sa marque dans le village avec les pressoirs et les nombreux débits de boissons où l’on peut goûter le vin local ou celui de Carrières ou d’Argenteuil.

Et ce n’est peut-être pas un hasard si la fête patronale, la Saint-Côme et Saint-Damien, correspond à la période des vendanges.

Au cours du 19e siècle, la vigne décroît progressivement, le chemin de fer permet l’arrivée facile des vins des provinces et Montesson se spécialise dans la culture de légumes.

À la fin du siÈcle, on cultive la vigne pour les besoins familiaux même si l’on peut aller vendre le surplus à Paris.

De nouveaux fléaux apparaissent, maladies, champignons, insectes ravageurs, comme l’oïdium, le mildiou et surtout le phylloxéra qui à la veille de la Première Guerre mondiale détruit le vignoble. Après la guerre, les vignes replantées sont uniquement destinées à la consommation familiale, les dernières déclarations de récoltes déclarées à la mairie datent de 1983.


Témoin discret et silencieux de cette histoire, dans nos jardins dans les friches, le long des "loges" des maraîchers dans le Parc des Sophoras, parfois sous forme de treilles, court une vigne à petits grains de raisin noirs et serrés, indestructible et ne nécessitant pas de traitements.

C’est du Baco du nom de son inventeur François Baco.

Autour des années 1900, les recherches pour sauver la viticulture aboutissent à deux procédés qui vont être en concurrence avant la Seconde Guerre mondiale : la greffe de variétés autochtones sur des pieds américains résistants au phylloxéra, ou bien la production d’hybrides présentant la même caractéristique. Notre petit raisin noir est un hybride Baco très utilisé après 1918, la commercialisation des hybrides cessera dans les années soixante.

La création de l’association du Clos des Vieilles Vignes en 2003 permet de renouer le fil avec un passé récent.

Les Montessonnais lors de diff&rentes manifestations festives, peuvent goûter aux cépages Pinot, Gamay, Merlot, ainsi qu’au célèbre apéritif "L’Apérète de Montesson" créé en hommage à Pérette Dufour, nourrice de Louis XIV et bienfaitrice de notre ville….et bien sûr au Baco tiré de l’oubli.



LA SECONDE VIE D’UN ANCIEN PRESSOIR MONTESSONNAIS

Par Hélène Léglise et l’association « le Clos des Vignes de Montesson »


Monsieur Robert Morey, membre de la famille Payot, vieille famille montessonnaise, instituteur retraité, habitait à Chatou. Il était également viticulteur, l’un des derniers de Montesson. Dès qu’il a su qu’une vigne était plantée à Montesson, il a proposé de faire don à la commune d’un pressoir qu’il avait soigneusement gardé.


Ce pressoir a une longue histoire.

Dès 1896, il est utilisé par les viticulteurs de Montesson, puis par Monsieur Morey jusqu’en 1970.

En 2003, l’association du Clos des Vieilles Vignes n’a pas de local, le pressoir est stocké aux ateliers municipaux. Les premières années, les raisins sont vinifiés dans le chai de nos amis viticulteurs à Argenteuil. Quand, en 2011, la municipalité nous attribue la cave au château des Sophoras, la grande aventure de vinification dans notre chai démarre, avec l’aide de notre ami oenologue Frank Boulanger.

Presser à la main 800 litres de moût, c’est pas terrible et la solution pressoir s’impose.

Hélas, le pressoir est en piteux état, les courageux vignerons s’attellent à sa restauration.

Il est complètement rouillé et les pièces sont soudées par la rouille…

Qu’importe ! patience, sableuse, peinture et graisse alimentaire.

Les bois sont pourris…

Qu’importe ! des planches de chêne en promotion, un ami découpeur et enfin l’aide de Philippe André pour la découpe finale.

Et voilà notre pressoir remis en état !

Il a donc au moins 122 ans et remplit de nouveau son rôle.



POUR LES NOSTALGIQUES DU PASSÉ : LA SAOULÉE !

En 1967, Monsieur Maurice Chatellier, artisan menuisier au 16 rue du général Leclerc (aujourd’hui

magasin d’optique) avait, entre autres anecdotes sur la vie du village, évoqué "la saoulée" : "c’était une drôle de coutume en vigueur chez le marchand de vin, maintenant le Commerce chez Allafort (actuelle boutique "by la souris"). Pour deux sous on pouvait boire autant de vin que l’on voulait tant que l’on n’éprouvait pas le besoin de sortir. Celui qui était sorti, pour une raison quelconque, devait repayer deux sous pour avoir droit à s’abreuver librement de nouveau. J’ai entendu raconter que les carriers faisaient facilement le pari d’un seau de vin !"**

(* Désirée Fleury et ** M.Chatellier, dans "Montesson dans l’Orbe du Soleil" de J-E.Zernecke).

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