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L’aqueduc
d’Henri Léonard Bertin
Le parc seigneurial (suite)*

L’installation des hommes est nécessairement liée à la présence de l’eau.

Toutes les maisons du village disposaient d’un puits, certains existent encore aujourd’hui. Le site originel de notre village est un coteau d’une quinzaine de mètres de dénivellation, culminant à 50 m environ. L’eau affleure sur la pente du coteau, là où nos seigneurs avaient manoir, parc et jardins. Les actes d’achat de la seigneurie de 1564 et de 1762* mentionnent l’existence d’une fontaine d’eaux vives. Des eaux vives : il s’agit bien de sources.

■ Henri Léonard Bertin, seigneur de Chatou et de Montesson de 1762 à 1791, 

utilise les sources du coteau pour l’aménagement de ses parcs.

À Chatou, les eaux des sources du haut du terroir sont captées et réunies pour alimenter un ymphée, une grotte artificielle dédiée aux divinités des eaux. Tout le parc est irrigué par un réseau de canalisations souterraines empierrées, accessibles par des regards, dont certains sont encore repérables.

Les aménagements du parc de Montesson sont représentés sur un tableau de la seigneurie daté de 1780, exposé à la mairie. Ils sont décrits dans l’acte de vente du parc en 1804, premier document écrit attestant de la construction de l’aqueduc : “près d’une vieille maison d’habitation provenant du vieux château, dite maison du concierge, est un regard où prend naissance la source conduisant l’eau par un aqueduc à la pièce de la grotte du parc…un bassin ovale alimenté par la source précitée au moyen d’une conduite de plomb. Du dit bassin est une pierrée conduisant les eaux à la rivière anglaise serpentant au nord du dit parc”.


■ L’histoire de l’aqueduc se poursuit à travers les délibérations des conseils municipaux 

de 1872 à 1895, pour la réalisation d’un abreuvoir et d’un lavoir.

Les époux MONDUIT, derniers propriétaires, lotissent le domaine en 1872-74. En novembre 1872 la

commune se rend acquéreur : 

“1) d’une source d’eau vive qui se trouve à 10 m du sol environ, dans un jardin potager situé à Montesson, entre la route d’Argenteuil (rue Paul Doumer) et la rue de Saint-Germain (rue Félix Philippe),

2) d’un aqueduc souterrain, partant de cette source et allant aboutir à une pièce d’eau placée dans le terrain ciaprès indiqué, (et l’) ensemble des regards qui existent sur son parcours

3) d’un terrain de 904m2, y compris la pièce d’eau…” ainsi que d’un caniveau qui évacue les eaux du bassin vers le ru de la Folie, etc.


L’abreuvoir et le lavoir sont ouverts aux Montessonnais en novembre 1882. Très vite, le débit de la  source semble s’affaiblir et en août 1885, l’eau vient à manquer. On invoquera la sécheresse estivale. Mais des contrôles précis permettront de constater que le débit varie du simple au quadruple selon le moment de la journée. Donc, quid de la sécheresse ? En réalité, ces variations sont dues aux puisages exercés par le propriétaire du potager où se trouve le puits d’accès à la source. Le maire, fait remarquer “qu’une grande faute a été commise (par un prédécesseur !) en donnant à M.X le droit de puiser de l’eau à cette source d’eau vive, au préjudice des intérêts communaux”. Certes ! Aucun accord ne sera possible avec l’intéressé, fort de de son bon droit. En décembre 1895,  l’alimentation du lavoir sera complétée par l’eau de ville, tout juste installée au village. 

Un rapport de visite de l’aqueduc effectué en décembre 1894 est fort intéressant. Il constate que l’aqueduc est en parfait état de fonctionnement, et précise : “le puits terminus de l’aqueduc est la source principale qui fournit l’eau, mais il n’est pas la source unique, car le tunnel aqueduc n’est qu’un puits continu… et donne écoulement aux eaux de toutes les sources qu’il rencontre dans son parcours, étant donnée une pente régulière qui permet l’écoulement à toutes ces eaux qui réunies ensemble donnent la totalité de ce qui vient au lavoir”.


Un coteau truffé de sources… Voilà qui explique pourquoi, lorsqu’en 1956 la commune construit un bâtiment pour les enseignants du nouveau groupe scolaire Jean Zay, aujourd’hui Jean Moulin, les terrassiers découvrent un sous-sol gorgé d’eau. Il faut pomper sans discontinuer pour poursuivre les

travaux. L’immeuble sera bâti sur des pilotis, profondément ancrés sur les roches sous-jacentes.


■ Aujourd’hui

Au fil des ans, le lavoir est remplacé par un bâtiment de bainsdouches, plus tard transformé en bibliothèque. Plusieurs fois agrandie : c’est la médiathèque Louis Aragon. Longtemps les parties basses de ces bâtiments ont été envahies par les eaux, nécessitant des travaux d’isolation.

C’est ainsi que l’aqueduc est révélé et visité par les services techniques en 1988.

L’histoire de l’aqueduc rappelle opportunément les réalités et les contraintes du milieu naturel. Le ruissellement des eaux du coteau dans les parties basses du village, l’inondation périodique des caves, l’humidité de l’ancien marais, ont de tous temps requis la plus grande vigilance.

L’aqueduc souterrain est un témoin du passé de la seigneurie, témoin présent, mais invisible. Son trajet exact n’est pas connu, les regards ont disparu. Il n’y a pas eu de construction nécessitant des fondations importantes, une grande partie des terrains est restée en jardins.

S’il était mis à jour et réhabilité, dans le même temps où les anciens bâtiments de la seigneurie seront

préservés, quel atout ce serait pour l’attractivité de notre commune !


*Consulter notre article d’avril 2019 : Le Parc Seigneurial ;

Consulter notre livre : Chemins et Rues de Montesson au cours du temps.

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