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Jean Laglantine
maraîcher (1933-2011)

Il est loin le temps où les maraîchers, au retour de leur journée aux champs, remisaient charrettes, chevaux et matériel de culture dans la cour de leur maison-ferme du village, à l'abri derrière la lourde porte cochère...

Pour assurer la pérennité du maraîchage, il est devenu indispensable d’aménager un espace pour le

garage et l’entretien du matériel, le stockage et la préparation des productions, l’hygiène, la gestion, etc.

Les hangars construits dans la plaine pour les maraîchers d’aujourd’hui vont répondre à ces besoins. Consulté sur le choix d’un des leurs pour désigner l’allée qui donne accès aux hangars, le conseil d’administration du syndicat des maraîchers – vieille institution créée en 1893 – a choisi d’honorer la personnalité de Jean Laglantine qui en fut le président de 1973 à 1981.


La famille Laglantine est représentative des lignées d’origine provinciale fixées à Montesson par le hasard de l’exode rural. En 1857, Jean Désiré Laglantine, né en Bourgogne en 1833, épouse une montessonnaise, Marie Augustine Boucher. Il est l’arrière-grand-père de Jean Laglantine, né en 1933, l’aîné d’une fratrie de huit enfants dont 6 garçons.

Jean quitte l’école après son Certificat d’Études Primaires, à 14 ans, pour travailler avec son père sur l’exploitation, ses frères feront de même. Le père achète un camion d’occasion que Jean conduit, puis ses frères. Les enfants Laglantine ont le statut d’aides familiaux : pas de déclaration, pas de salaire, juste "une pièce pour la sortie du dimanche".

À 20 ans, Jean fait son service militaire, puis se marie. Son frère Marcel dit : "en réalité, je connaissais peu mon frère. J’avais 10 ans quand il est parti à l’armée, et ensuite il n’est pas revenu vivre avec nous. Tout ce que je peux dire c'est que c’était un grand travailleur".

Effectivement : après son mariage, il travaille sur l’exploitation de son beau-père à Chatou pendant deux ans puis se met à son compte en achetant un fonds de culture modeste, c’est-à-dire le matériel et le droit à location des terrains. Comme nombre de petits exploitants, il passe par l’intermédiaire d’un transporteur pour la vente de ses légumes aux Halles de Paris. Pendant la morte saison hivernale, il est ouvrier champignonniste.

Après le décès du père en 1968, c’est lui qui reprend l’exploitation familiale, soit environ 7 ha. Madame Laglantine conduit le camion et assure la vente aux Halles de Rungis, qui viennent d’ouvrir. Le patron est aux champs, avec des équipes de saisonniers portugais, qui repartent pour la cueillette des olives au Portugal dès le 1er novembre.

L’agriculture est en pleine mutation dans les années 1960-70 : mécanisation, traitements, augmentation des surfaces cultivées, accroissement des charges (main d’oeuvre, carburant, engrais, eau). Il faut investir, les petites exploitations ne peuvent pas suivre. En outre, la plaine est l’enjeu de multiples projets d’aménagement (un seul réalisé : la A14) qui rendent l’avenir du maraîchage incertain.


Jean Laglantine est élu président du syndicat en 1973. L’année suivante est calamiteuse. Avec leur président, les maraîchers montessonnais participent à des barrages routiers, à une grève des livraisons à Rungis et à une manifestation de 2 000 producteurs de cultures spécialisées sur les Champs Élysées.

Sur Montesson, le syndicat met au point, avec les représentants de l’ordre et les garde-messiers, un plan de surveillance contre les vols et dégradations qui se commettent dans la plaine.

La sécheresse de l’été 1976 aggrave la situation. Le président du syndicat va jouer un rôle déterminant pour l’irrigation de la plaine, ainsi que l’expose Robert Français, actuel président : "Jean Laglantine a deux casquettes : il est Président du syndicat et élu au conseil municipal (en 1977). C’est lui, en tant que président du syndicat et avec l’appui du maire et maraîcher Édouard Béhuret, qui a

réussi à débloquer le dossier de l’eau. Ils ont obtenu des subventions du Ministère de l’agriculture et de l’Union des Producteurs de Légumes et de Fruits de l’Ile de France, pour étendre le réseau de canalisations de la Lyonnaise des Eaux sur la plus grande partie du terroir cultivable."

Le 25 mars 1977, Jean Laglantine se dit "heureux" de présider une réunion avec la Lyonnaise des Eaux à l’issue de laquelle les maraîchers présents sont invités à prendre rendez-vous pour l’installation des compteurs d’eau sur les canalisations qui vont desservir leurs parcelles de culture.

Dans le procès-verbal de la réunion du 24 mai 1977, la secrétaire écrit : "L’inauguration est prévue pour le 31 mai à 11h du matin… 9 km d’irrigation et 252 ha de terrains arrosés ! Une réussite pour le Président et son Conseil d’Administration. On peut espérer que le vin d’honneur sera offert par la Lyonnaise…".

Les années suivantes resteront très difficiles, elles seront fatales pour les petites exploitations.

Handicapé à la suite d’un grave accident, Jean Laglantine se résout à démissionner en septembre 1981. Retraité en 1993, il décède à Montesson en 2011.


Sources : rencontre avec Marcel Laglantine et Robert Français.

Registres du syndicat, presse locale.

Photos : Marcel Laglantine, MHM.

Sur le maraîchage, consulter sur notre site : www.montesson-histoire.com

Les articles publiés dans Montesson en Direct : n°55 septembre 2003 (interviews de Mesdames Deguise, Jacob et Laglantine) et n° 57 décembre 2003 (interview de Marcel Fleury).

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