À propos du squarre
Henri Richaume
Introduction
En flânant au gré des rues de Montesson, peut-être avez-vous déjà rencontré les plaques patrimoine. Elles sont destinées à informer le public sur la signalétique historique et patrimoniale du lieu où elles sont implantées. Elles peuvent prendre différentes formes (carrées, rectangulaires…), être posées sur des supports variés (béton, aluminium, acier) et placées en position verticale ou horizontale.
À Montesson, le choix s’est fixé sur un pupitre béton sur lequel repose le panneau d’information en lave émaillée.
Une première plaque fut réalisée en 2013 par notre association pour retracer l’histoire du cimetière de la commune en liaison avec des visites commentées du lieu, ainsi que la parution d’une revue. Cette plaque se trouve à l’ancienne entrée du cimetière. Vivement intéressée, la municipalité demanda notre collaboration pour la réalisation d’autres plaques dans le cadre des objectifs de l’Agenda 21 programmé en 2015, afin de conserver gravée dans la pierre la mémoire des lieux et des monuments locaux. Elles sont situées place de l’église, place Roland Gauthier et square de la Libération. De nouvelles plaques sont en préparation aux Rabaux et au nouveau square Henri Richaume, allée Salvador Allende, dont voici la primeur !
L’allée Salvador Allende
L’allée Salvador Allende a été créée dans les années 80 pour faciliter l’accès au centre-ville des piétons du nouveau quartier du Parc Penet avec sa crèche, son école maternelle, son collège et pour les anciens de la résidence Édouard Béhuret.
En ce lieu se situait autrefois une mare d’environ 800 m2, réceptacle des égouts et des eaux de ruissellement du village. Les eaux de la mare se déversaient dans un ru ou couleau qui traversait le parc seigneurial vers les prés communaux et se perdait dans le quartier de la Folie. Mal entretenue, la mare était l’objet de multiples conflits avec les propriétaires du parc. Reconnue comme un foyer d’infections, dont le cholera de 1832, elle est comblée après la guerre de 1870, le terrain est vendu. La rue de La Borde reçoit le nom d’Henri Richaume en octobre 1944. La plaque du nouveau square aménagé en 2023 permettra aux Montessonnais de connaître la triste destinée de ce gamin de 15 ans.
Henri Richaume, né le 7 novembre 1928 à Rueil-Malmaison, vivait avec sa mère et son frère aîné au 16
rue de la Voie Poissonnière à Montesson. Journalier agricole, il travaillait aussi à la gare de Chatou où il ramassait les billets.
Entré dans la Résistance en 1942, à 13 ans, il effectue des missions de liaison entre les différents groupes de son secteur.
En août 1944 il prend part aux combats de la Libération, notamment le 17 août lors de l’attaque d’une villa occupée par la Gestapo à Chatou. Fait prisonnier par l’ennemi au cours d’un engagement le 25 août, il est fusillé le même jour au château de la Pièce d’Eau.
Les activités dans la Résistance d’Henri Richaume, reconnu membre des Forces Françaises de l’Intérieur de Seine et Oise, mouvement Front National, secteur de Poissy, groupe de Chatou, pour la période du 1er au 25 août 1944, lui ont valu l’octroi à titre posthume de la Croix de Guerre avec étoile d’argent par le général Kœnig le 11 décembre 1945. (Source: ministère des Armées, fiche d’appartenance aux FFI).
Le 3 février 1960, il reçoit la médaille de l’Ordre de la Libération de la Résistance Française. Il repose avec ses compagnons au vieux cimetière de Chatou.
Le 25 août 1944, jour de la Libération de Paris
Les 27 fusillés de Chatou
Depuis le débarquement du 6 juin 1944, les troupes alliées progressent vers la région parisienne. Le 17 août, l’ordre est donné aux résistants de l’Île de France de sortir de la clandestinité.
À Montesson, des combats sporadiques ont lieu, les FFI cherchent à récupérer des armes, 8 fusils pris au château des Sophoras et 3 canons antichars dans le Parc Penet. Des soldats allemands sont tués ou faits prisonniers.
À Chatou les Allemands refluent. Le 17 août, le château de la Pièce d’Eau est réquisitionné par les FFI
dirigés par le capitaine Torset, des soldats allemands, des civils allemands et des collaborateurs sont
faits prisonniers. Le 21 août les Allemands reviennent en force pour miner le pont, des combats de rue ontnlieu les jours suivants. Le château sert alors de centre d’accueil pour les civils réfugiés du quartier du pont et pour la Croix Rouge, qui soigne entre autres les soldats allemands blessés.
Devant le danger, le capitaine Torset regroupe tous les prisonniers allemands à la villa Vuez, à proximité du château et relâche les civils français arrêtés les jours précédents. Les FFI présents au château ont l’ordre de se mêler, désarmés et sans brassard, aux civils et aux membres de la Croix Rouge. Henri Richaume prend son service le 25 août à 7 heures du matin et devait terminer à midi. Un copain lui prête son paletot parce qu’il faisait froid.
Dans la matinée, attaque allemande du château avec deux chars et deux automitrailleuses. Les Allemands réclament avec insistance leurs compatriotes, le capitaine Torset les conduit à la villa Vuez. Il est tué en criant « Vive la France ». À ce signal, les FFI gardiens des prisonniers ouvrent le feu, certains sont tués, d’autres réussissent à s’enfuir.
Les Allemands retournent au château de la Pièce d’Eau et se font désigner les FFI mêlés aux civils par les prisonniers allemands et les collaborateurs libérés le matin. Les infirmiers et les civils réfugiés du pont sont relâchés. Certains des FFI désignés sont torturés, tous sont exécutés par balle, puis jetés dans une fosse qu’ils avaient dû creuser. Il y aura 27 victimes. Ils sont exhumés le lendemain et enterrés au cimetière des Landes le 28 août en présence de milliers de personnes et d’un détachement de l’armée américaine. Les dénonciateurs seront jugés et condamnés après-guerre.