À la découverte des carrières
et champignonnières de Montesson
Montesson est aujourd'hui renommée pour son obstination à cultiver des salades à 10 km à vol d'oiseau de Paris... Mais il est d'autres activités dont on ne parle plus qu'au passé : l'exploitation des carrières de pierre à bâtir – depuis des temps immémoriaux – celle des carrières de sable et graviers – plus récente – et enfin la culture des champignons de Paris pendant un siècle et demi.
LES CARRIÈRES
Nos carrières fournissaient une pierre à bâtir locale sans doute exploitée dans nos villages dès l’origine. C’est le matériau des murs des maisons rurales et des anciens monuments.
L’aqueduc souterrain construit entre 1762 et 1791 par le seigneur Bertin dans l’ex-parc seigneurial. À l’intérieur de l’aqueduc, l’eau circule encore en permanence. La voûte et les murs sont construits en mœllons calcaires joints par du limon.
Nicolas Samuelian, archéologue responsable de l’opération de fouille archéologique préventive sur le site, écrit dans son rapport qu’« il ne fait guère de doute que le calcaire lutétien qui a servi à construire l’aqueduc provient d’une carrière montessonnaise ».
À Montesson ou Carrières, au temps où l’urbanisation de Paris et de sa banlieue dynamisent le marché de la belle pierre dure dite « banc du Roi » ou de mœllons plus friables, il arrive que sous les lourdes charges les chemins s’effondrent. Il faudra interdire certaines rues au passage des tombereaux qu’on appelle des mœllonnières.
Les chambres creusées au fur et à mesure de l’extraction sont séparées par des « piliers tournés » et reliées entre elles par des galeries. Ces piliers de calcaire sont laissés de proche en proche pour maintenir le ciel des carrières. La hauteur des vides d’une carrière par « piliers tournés » est d’environ 5 m (elle varie de 2,80 m à 8 m) et la largeur des galeries est de 4 à 5 m.
LES CHAMPIGNONNIÈRES
Pour le champignon de Paris, les carrières offrent des conditions de culture idéales. Les premières reconversions des carriers en champignonnistes à Montesson datent de 1861. La famille du maire Gaston Voillereau exerçait cette profession. Après 1914-18, les champignonnistes italiens assurent la continuité et la renommée des champignons de Carrières et Montesson. En 1980, la carrière dite de la Tour est alors exploitée par Camille Spinelli et ses fils.
Les champignons de Paris poussent sur un compost préparé avec du fumier de cheval. Autrefois, le compost était disposé en meules, ensemencé, porté à une température adéquate, arrosé, aéré, recouvert de terre de gobetage (calcaire broyé)… autant d’opérations effectuées dans l’obscurité des caves.
Dans les années 80, plus de meules, la culture en sacs s’est généralisée. Le séjour en cave dure environ 4 semaines, avec les mêmes travaux. Ensuite commence la cueillette en 3 ou 4 volées, pendant un mois environ, à la main.
À partir de 1994, les travaux de creusement de l’auroroute A14 détruisent presque toutes les carrières.
LES SABLIÈRES
En 1891 et 1896, les compagnies ferroviaires Paris Mantes et Paris Nord sont autorisées à occuper pour dépôts et extraction de pierres à ballasts des terrains situés sur les lieux dits Remise du Loup, le Mont Royal et sur une partie des Vignes de Maisons.
De 1906 à 1909, la cuvette creusée par l’exploitation des ballastières, dite « Carrière aux Ballons », est un haut-lieu d’expérience d’envol des dirigeables. C’est aujourd’hui le site de Carrefour. Ensuite, les sables et les graviers sont exploités pour confectionner le béton qui va remplacer la pierre à bâtir au cours du 20ème siècle, surtout après 1945.
Il va en résulter de nouveaux paysages : l’étang de l’Épinoche occupe l’emplacement d’une ancienne sablière.